Saez a participé
à l'émission
"Nulle part ailleurs"
le 09/06/00
D'emblée,
on reconnaîtra au Français Damien Saez une bonne dose de courage
et de ténacité. A son âge, il aurait pu prendre en
marche le train de la musique électronique et se perdre dans la
foule sans que personne ne lui demande son billet. Au contraire, il a opté
pour la singularité en s'exposant, lui et ses doutes. Ce premier
album ressemble à une mise à nu : sans aucune coquetterie,
Saez y dévoile ses états d'âme. Par l'intermédiaire
d'un rock à fleur de peau parfois naïf mais souvent touchant,
il nous donne sa propre vision du monde, pessimiste, dure à encaisser.
Entre le cruel Jeune et con - le tube de l'album - et la poésie
sauvage de Sauver cette étoile, le jeune chanteur se montre parfois
défaitiste mais n'apparaît jamais résigné. "J'veux
m'en aller / Mais je veux pas crever / Dans cette inhumanité ",
clame-t-il sur J'veux m'en aller. Même si, selon lui, la vie prend
la forme d'un combat fortement inégal, Saez préfère
continuer à lutter. Pour rendre intense ses textes, ce petit frère
de Noir Désir - en plus révolté - et fan évident
de Radiohead, a choisi l'énergie des guitares, le fracas grunge.
Ecouter Jours étranges revient souvent à recevoir sur les
épaules une chape de plomb : Saez n'est pas là pour rire
ou plaisanter, il préfère frapper fort, utiliser les mots
qui font mal. Pourtant, en une seule occasion, l'ambiance gagnera en légèreté.
En fin de parcours, Saez se permet un petit plaisir : revisiter le standard
jazz My funny Valentine, mince rayon de lumière d'un album sombre
mais prenant.
Vincent Brunner